Avec les cigales, chantez maintenant !
Investissement. Dans la logique du mouvement des finances solidaires, les Cigales permettent à tous les bénévoles investisseurs participants de donner du sens à leur épargne, de façon responsable et « utile » en aidant des entreprises éthiques locales.
Véritables « clubs d’épargne citoyen », les Cigales ont pour rôle d’agréger les moyens de bénévoles particuliers – à partir de 10€ par mois et par personne – pour venir en aide aux porteurs de projets de création ou de reprise d’entreprise, aux gérants d’entreprise ou aux membres d’association en recherche de financement et/ou d’accompagnement. Pour être sélectionné, le projet doit être local et apporter une plus-value sociale, environnementale ou culturelle sur le territoire.
Claudine Dal Molin, gérante de la Cigale dijonnaise « Le Blé solidaire », insiste sur le désir de ces bénévoles d’« utiliser leur épargne de façon locale et utile ; sans rechercher le bénéfice ou le retour sur investissement ». Il s’agit là alors d’un acte désintéressé d’entraide citoyenne motivé par le souhait que « l’entreprise choisie se développe », explique-t-elle. Pour les « cigaliers » – majoritairement retraités –, ces clubs d’investisseurs sont une occasion d’avoir « un regard sur l’économie, et d’y avoir une participation vertueuse ».
Alors que sa Cigale « Le Blé solidaire » regroupe 15 contributeurs, Claudine Dal Molin rappelle que les clubs ont une durée de vie de cinq ans, « renouvelable une fois ». Ces derniers, après avoir sélectionné les porteurs de projets, disposent de deux moyens d’action : l’entrée au capital de l’entreprise – dans la limite de 25% – ou la contraction d’un prêt d’honneur à 0% avec des modalités de remboursement souples.
Quoi qu’il en soit, « la contribution dépasse rarement 2.000€ ; une somme modeste », mais logique dans la mesure où tout investissement comporte des risques, et que Claudine Dal Molin le rappelle, « il y a parfois des déboires ; notamment durant la période Covid, où certaines entreprises ont dû fermer leurs portes. »
Une aide « nécessaire »
« Envie d’éthique », relais de la coopérative Artisans du monde, a bénéficié de l’aide des CIGALES lors de son passage en SCIC. Partie intégrante du réseau de commerce équitable, elle a d’abord reçu le soutien des Cigales « Le Fil d’argent » et « La Galette solidaire » avant leur dissolution et la prise de relais de la Cigale de Claudine Dal Molin. Eva Monnot, à l’époque gérante de l’entreprise, revient sur une aide précieuse qui « correspondait à ce dont (elle) avait besoin ».
Le « Blé solidaire » est d’abord entré au capital de l’entreprise à hauteur de 1.200€, puis a prêté 2.500€ sous forme d’avance en compte courant « pour gagner en trésorerie ; les intérêts étaient à moins d’1% et nous pouvions rembourser dès que possible, il n’y avait aucune pression de leur part ».
Selon Eva Monnot, l’action des Cigales est à différencier d’une simple donation car il y a « une volonté de faire progresser, sans contrôler ou vérifier ce que nous faisions, mais simplement en stimulant l’entrepreneuriat ».
De plus, de par la diversité de leur milieu professionnel d’origine, les cigaliers apportent « à la fois des compétences et un bon carnet d’adresses », ajoute-t-elle. Il s’agit là d’un réseau basé sur la « bienveillance » et la « confiance », dans lequel chacun trouve son compte.
Dans une logique d’entraide ouverte à tous, l’association régionale BFC de clubs Cigales organisait le samedi 3 juin une rencontre entre porteurs de projet et financeurs solidaires intitulée « CIGALES cherchent fourmis », à Quetigny.
- Publié le Killian Roblot > Le Journal du Palais